Un soir de retrouvailles et de "total relax", pataugeant dans les eaux claires de la mer de Chine à la lueur de la pleine lune, on s'est dit... et pourquoi pas?
Pourquoi ne pas faire, à moto, le trajet entre notre bonne vieille Europe et cette Asie si envoûtante. Pourquoi ne pas voir de nos yeux toutes ces merveilles, toutes ces cultures que nous survolons d'habitude. Et surtout, pourquoi ne pas se donner la chance et les moyens de le faire...ne serait-ce qu'une seul fois !
C'était une nuit de juillet 2009, quelque part au royaume de Siam ....
La douane dernière nous, nous filons en direction de Pakse et du Mékong que nous traversons en début de soirée.
Sur le grand pont enjambant le fleuve, la vue sur la ville de Pakse et toutes ses lumières au bord du Mékong est incroyable. Nous arrivons au centre ville, dans un des plus bel hôtel de Pakse. A $25.- la chambre, dans un cadre magnifique, pourquoi se priver...ça nous change de la plupart des hôtels que nous avons eu ces 5 derniers mois :-)
A peine entré au Laos, il y cette atmosphère coloniale, ces restes de culture française mélangée au communisme actuel. Le centre ville de Pakse, tout comme Vientiane que nous verrons plus tard, est majoritairement composé de petites maisons et de villas, une vraie architecture, rien à voire avec les villes de Thaïlande construites sans aucun goût, juste faites pour être fonctionnelles.
Plantations de café
Au départ de Pakse, nous partons en direction du Vietnam, pour faire le tours du park National Dong Hua Sao et pour visiter ses plantations de café, mais la pluie nous accompagne dès le matin.
Première halte chez un producteur et on ne se prive pas pour une bonne dégustation du café local et pour un petit lunch.
Après quelques heures de route, il nous faut repartir en direction du Nord, et pour ce faire emprunter les pistes en terres…et là ça se corse. Il ne nous faut pas plus de quelques mètres pour comprendre que ça ne va être du gâteau.
Ces chemins en terre, super compactée et complètement détrempée, sont aussi glissants qu’une patinoire. On s’arrête et on observe un peu comment roulent les gens du coin. Eux sont en mobylettes, et pourtant ils avancent les pieds posés au sol et à très…très faible allure. Alors on essaie aussi, mais avec nos bécanes de plus de 300kg et sans pouvoir posés les pieds au sol c’est vraiment de l’acrobatie. On décide de faire demi-tours et de retourner à Pakse, en plus l’hôtel était vraiment bien ;-)
Terre rouge et monts karstiques
Le lendemain nous repartons en direction du Nord, par la route principale cette fois. Plus nous avons et plus les paysages autour de nous sont inondés. Le Sud-Est Asiatique fait en ce moment face à d’énormes inondations (pour souvenir, à ce moment la ville de Bangkok était sous les eaux, paralysant toute sont économie).
La destination de la journée est Ban Phon Kho en plein milieu d’une chaine rocheuse karstique. Donc, voilà qu’après une journée de route sous la pluie, des panoramas à couper le souffle mais bien trop souvent masqués par les nuage, nous arrivons à destination, de nuit comme d’hab.
La journée du lendemain était dédiée à la visite d’une rivière souterraine, mais au vu des conditions météo, l’accès à la rivière est fermé. On remets donc nos combis pluie et on s’en va sans tarder en direction de Vientiane, toujours par la route principale…on ne va pas tenter le diable sur le petit chemins de traverse.
Les orphelinats de Vientiane
Après 27’000km où nous avons pris soin des dessins et des cadeaux des écoliers italiens, pour les petits laotiens, voilà enfin le moment de distribuer tout ça!
Première visite le matin, nous retrouvons Soeur Catherine dans une école pour tout petits, provenant de familles très démunies ou sans famille.
Là, à l’heure du repas Soeur Catherine distribue les dessins réalisés par les plus jeunes des italiens. Le prochain sujet de dessin est déjà tout trouvé pour les enseignantes, il faudra compléter un grand dessin et en renvoyer une copie en Italie.
On l’apprendra bien plus tard, mais quelques semaines après notre visite, une tempête est passée sur cette école, arrachant le toit et détruisant une bonne partie du mobilier. Tout les livres, les dessins et les objets personnels des petits ont disparu ou ont été détruit par les eaux et le vent.
L’après-midi nous le passons avec les soeurs de l’orphelinat de jeunes filles. Elles nous parlent de leurs difficultés à trouver des fonds pour envoyer leurs filles dans des écoles convenables, des difficultés face à la corruption, et surtout aux difficultés qu’elles rencontrent face à certain membre des familles de leurs jeunes pensionnaires, qui sont parfois prêts à tout pour reprendre ces filles et pour les faire travailler au champ, plutôt que de les laisser poursuivre leur études.
Elles nous parlent aussi des réseaux de prostitution qui tentent d’amadouer ces jeunes filles à la sortie des écoles, leur promettant mont et merveille. Ces soeurs là, elles mènent un vrai combat au quotidien contre les réalités d’un pays extrêmement pauvre où malheureusement les enfants sont trop souvent les premières victimes.
On en prend plein la tête et on se sent vraiment tout petits face à ces récits vécus, face à cette réalité que l’on soupçonnait, mais qui là, nous est présentée de face, sans la censure télévisuelle.
Soeur Catherine nous fait aussi visiter leur élevage de grenouilles qu’elles revendent sur les marchés pour arrondir les fins de mois. Nous faisons le tour du potager, des travaux en cours dans la maison et de la mini centrale bio-gaz faite maison. Tous ces travaux sont réalisés par les soeurs et par les jeunes filles, après leur heures d’études. Quelle énergie…!
Je pense que pour Crothe, comme pour moi, cette journée et cette expérience restera gravée au fond nous, et c’est sûr, il nous faudra revenir ici.